Les Tunisiens aux urnes

Bedia, un Tunisien de 35 ans, exhibe son index marqué d'encre électorale à la sortie d'un bureau de votre au centre-ville de Tunis. Les électeurs doivent tremper leur doigt dans l'encre pour éviter qu'ils ne votent plusieurs fois.
Bedia, un Tunisien de 35 ans, exhibe son index marqué d’encre électorale à la sortie d’un bureau de vote au centre-ville de Tunis. Les électeurs doivent tremper leur doigt dans l’encre pour éviter qu’ils ne votent plusieurs fois.

Les élections législatives ont eu lieu ce dimanche. Il s’agit de la première étape pour mettre fin à la période transitoire qui a suivi la révolution du 14 janvier 2011. 

Les Tunisiens se sont rendus dimanche aux urnes pour élire leur parlement, près de quatre ans après la révolution du 14 janvier 2011 et la chute du dictateur Zine el-Abidine Ben Ali. Près de 5,3 millions d’électeurs inscrits – sur 11 millions d’habitants – devaient choisir à la proportionnelle les 217 députés qui siégeront durant cinq ans au sein de l’Assemblée des représentants du peuple. Ce nouveau parlement remplacera l’Assemblée nationale constituante (ANC), élue en octobre 2011 avec pour mission principale d’élaborer la nouvelle Constitution tunisienne.

Il s’agit de la première étape pour mettre un terme à la période transitoire qui a suivi la révolution, avant les présidentielles, dont le premier tour est prévu le 23 novembre prochain, puis les municipales.

„Obligation“ de voter
A la sortie d’un bureau de vote au centre-ville de Tunis, en début d’après-midi, un électeur exhibe son index marqué d’encre électorale. Il a voté pour Nidaa Tounes, parti séculier d’orientation sociale-démocrate créé en 2012, grand favori des législatives avec le mouvement islamiste Ennahdha, lequel avait triomphé aux élections de l’ANC. „Béji (Béji Caïd Essebsi, le président de Nidaa Tounes et candidat à la présidentielle, ndlr) est le plus fort“, s’enthousiasme Bedia, 35 ans, dans un français haché. En 2011, il n’avait pas participé. Mais cette fois, dit-il, il s’agit d’une „obligation“ vu les problèmes auxquels fait face la Tunisie:

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Deux amis de Bedia le rejoignent. Ils encouragent également Nidaa Tounes. „Je vote pour eux car je suis pour une Tunisie moderne, pour une Tunisie ouverte, lance Lotfi, 58 ans, qui travaille dans le tourisme. Je suis bourguibiste et Bourguiba (Habib Bourguiba, premier président tunisien après l’indépendance en 1956, que beaucoup associent à Béji Caïd Essebsi, ndlr) est le premier ingénieur de la Tunisie. Il a construit les écoles et les hôpitaux, l’éducation, les droits des femmes.“ Quoiqu’il arrive, Lotfi se montre optimiste pour la suite:

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Quelques rues plus loin, un jeune en tongs s’arrête devant des affiches électorales, l’air sceptique. Il ne votera pas. „Je n’ai aucune confiance dans les candidats, explique le chômeur de 26 ans, diplômé en mathématiques. En 2011, j’ai voté pour Ennahdha, mais il n’y a eu aucun changement.“ Il ajoute, en désignant les affiches des partis de la main: „Ces gens-là veulent uniquement des sièges. Il est écrit la même chose sur tous les programmes. Ils promettent tous une Suisse dans les trois mois qui viennent (rires). Ce ne sont que de fausses paroles.“

Pas facile de choisir entre les milliers de candidats...
Pas facile de choisir entre les milliers de candidats…

Au même endroit, un homme et une femme voilée admettent qu’il n’est pas facile de choisir entre les différents partis: „Le plupart n’ont pas de base ni de passé clairs. Pour l’essentiel, ils ont été fondés pendant ou après la révolution.“ Le couple, qui n’a pas participé en 2011, a cette fois opté pour la liste du Congrès pour la République (CPR), parti séculier de centre-gauche du président provisoire Moncef Marzouki.

Après les élections de l’ANC, le CPR a formé, avec Ennahdha et Ettakatol, un autre parti séculier de centre-gauche, le gouvernement de la „troïka“, critiqué pour n’être pas parvenu à régler les problèmes de la Tunisie en matière d’économie, de sécurité ou d’éducation. Suite à l’adoption de la nouvelle Constitution en janvier 2014, la troïka a cédé sa place à un gouvernement de technocrates. La jeune femme n’en veut pas au CPR: „Les conditions du pays n’étaient pas bonnes pour travailler, pour avancer. Contrairement aux autres partis, qui parlent beaucoup, le CPR ne cherche pas à attirer tous les regards. Quant à Marzouki, on ne lui a pas permis d’agir librement et de façon efficace.“

Les résultats définitifs des législatives seront connus d’ici le 30 octobre au plus tard.


Les législatives en chiffres

Plus de 13’000 candidats

33 circonscriptions

1327 listes

217 sièges à pourvoir

5,3 millions d’électeurs inscrits, sur 11 millions d’habitants

80’000 policiers et militaires déployés

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