13h55’: «Le terrorisme frappe au cœur de la Tunisie»

La réaction de la presse tunisienne.

14h15’. Mes collègues discutent avec vigueur en arabe dans la rédaction. Elles allument la radio, des sirènes d’ambulance résonnent depuis l’autoroute. Je me demande s’il s’est passé quelque chose, mais je les vois très concentrées sur leurs écrans ; je n’ose pas les déranger et je me remets à travailler. Après une dizaine de minutes, une amie m’écrit très alarmée depuis la Californie : “Omar tutto bene a Tunisi??? 😲”. D’abord, je ne comprends pas son message, puis je fais 1+1, j’ouvre tout de suite le feed des médias tunisiens et, déconcerté, je demande à mes collègues : “Mais il y a eu un attentat?!”. Je connais déjà la réponse. Les images se multiplient vite dans ma tête, je revois les témoignages choquants de ces actes de violence inouïe que nous avons malheureusement appris à connaître.

Une collègue appelle ses proches pour être sûre que tout le monde va bien. Heureusement, le bilan de cet attentat-suicide d’une jeune femme ne compte pas d’autres morts, mais seulement des blessés, surtout parmi les forces de l’ordre. Pendant que je réalise être pour la première fois moi aussi dans une ville où il y a eu un attentat – et que j’étais exactement sur ce même trottoir il y a quelque jours – je commence à écrire à mes parents et amis en Suisse de ne pas s’inquiéter. Je vais bien et la situation semble assez tranquille. Mais mes messages sont en réalité presque superflus, je m’aperçois assez vite que cet événement n’a pas suscité le moindre intérêt dans les médias suisses ; les gens l’apprennent directement de moi. On le cite en France, en Italie et dans les grands médias anglophones. Evidemment, quelques blessés tunisiens et une suicidaire ne peuvent pas faire la Une. Je connais bien le système, si j’avais été au travail dans une rédaction en Suisse, j’aurais probablement réagi avec la même indifférence. Mais quand c’est dans « notre» ville, à nouveau victime d’un attentat après 3 ans, l’événement prend clairement une autre dimension. Je pose des questions pour savoir ce que disent les médias arabes et on me demande si j’ai peur : “Non, je n’ai pas peur”. Mais être arrivé dans le pays depuis seulement une dizaine de jours et vivre ce quotidien-là, ça fait quand même un certain effet. Et le lieu attaqué est le plus central de toute la Tunisie: avenue Bourguiba de Tunis. La Bahnhofstrasse. La Rambla, quoi.

Bienvenu, il faut apprendre l’arabe.

„Le terrorisme frappe de nouveau“. Le quotidien arabe Chourouk fait la sensation dans sa Une.

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