Le peuple se rassemble pour un soir: c’est la magie du football

L’Espérance Sportive de Tunis a remporté pour la troisième fois la Ligue des Champions africaine, pour la grande joie de tous les Tunisiens. Retour en images sur la soirée de fête

La fête a allumé la place Bab Souika, au coeur de la Medina, où les éspérantistes se rencontrent après les succès – © O.Cartulano

Tunis n’est certainement pas comparable aux métropoles asiatiques, à Manhattan ou à  d’autres grandes villes où jour et nuit s’alternent sans différences, où les rues sont tout le temps des fourmilières et le bruit est incessant. Quand le soleil tombe, la médina s’endort et au cours de la soirée même les rues des quartiers les plus modernes commencent à plonger dans la tranquillité. Cependant, une certaine énergie est toujours de mise, surtout quand le weekend s’annonce. Mais le soir du vendredi 9 novembre, un silence surréel s’est emparé du centre-ville. Se balader par les artères principales de la capitale m’a offert une inédite marche en toute tranquillité, mais tout de même rythmée par l’écho des cris poussés dans les appartements, les cafés et les bars, bondés comme jamais. Qu’est-ce qu’il se passait? C’était évidemment la magie du كُرَةُ القَدَم!

Pas compris? C’est le football, le sport national tunisien, le seul objet capable de mettre ensemble et faire vibrer tout un pays. Suite à la débâcle de l’équipe nationale lors de la Coupe de Monde 2018, en ce début de novembre les Tunisiens avaient une occasion de rêve pour chercher la rédemption: l’Espérance Tunis en finale de la Ligue des Champions d’Afrique, contre les renommées égyptiens de l’Al-Ahly.

Après le 3-1 subi en Egypte, l’EST s’est assuré le trophée en gagnant 3-0 à domicile – © O.Cartulano

L’occasion pour les “Sang et Or” à n’absolument pas rater, afin d’offrir à son peuple une petite fuite des problèmes quotidiens, dans un pays sous le joug de l’inflation. À la 90ème minute le score affiche un remarquable 3-0 en faveur des Tunisiens, la fête ne peut que commencer et la joie s’empare très vite de la capitale. Les rues, précédemment désertées, se teignent de jaune et rouge, les clacksons éclatent de partout et la foule bruyante se dirige vers la place Bab Souika, siège historique du club. Je ne peux pas m’empêcher de les suivre jusque là, au coeur de la vieille ville.  À ma grande stupeur, je suis presque le seul journaliste sur place et peut-être le seul à avoir un voyant caméra entre les mains. Si l’équipe tunisienne n’a pas ratée son occasion, moi aussi je cherche à ne pas rater la mienne. Quelle meilleure opportunité pour se plonger au milieu du peuple et chercher à raconter des émotions sincères? À vrai dire, la contagieuse fête ne dure pas autant que je m’attendais, mais la durée est quand-même suffisante pour être emporté par les innombrables demandes de photos de la part des jeunes festants. C’est cela aussi la magie du sport, connaître des dizaines de gens de tout milieu, en l’espace d’une heure seulement. Deux mois entiers en Tunisie ne me permettront sûrement pas de faire autant!

Tout le monde veut une photo avec la coupe. Le président de l’Espérance Sportive de Tunis doit chercher à la „défendre“! – © O.Cartulano

C’est une victoire de l’espoir et de l’avenir – me racontera lors d’une interview Mohamed Ennaceur, le président de l’Assemblée des Représentants du Peuple – Elle est un excellent moyen pour aller vers d’autres victoires dans tous les domaines.” Profiter du sport comme panacée pour tous les maux? La Tunisie aurait probablement besoin de bien d’autres choses, mais si cela peut soulager les esprits pour quelques jours ce n’est surement pas à mépriser.  

Ici mon reportage photo publié par Rivista Corner.

 

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