Mobilisation contre l’Etat islamique: „Nous n’aurons plus jamais peur“

La manifestation a commencé par une flashmob détournant les vidéos dans lesquelles les combattants de l'Etat islamique égorgent des otages.
La manifestation a commencé par une flashmob détournant les vidéos dans lesquelles les combattants de l’Etat islamique égorgent des otages. En orange: Souhail Bayoudh, fondateur et président de l’association Forza Tounes, qui a parrainé l’événement.

Un petit rassemblement contre l’organisation djihadiste a eu lieu à Tunis. Une première dans un pays arabo-musulman.

Hichem Hamdaoui, l’un des organisateurs de la manifestation contre l’Etat islamique qui s’est déroulée le jeudi 25 septembre sur l’avenue Bourguiba à Tunis, avait raison de craindre la pluie. Elle s’est mise à tomber à 17h, au moment-même du début de l’événement. La mobilisation, mise sur pied par une dizaine d’amis qui se définissent comme „de jeunes Tunisiens indépendants porteurs des valeurs universalistes“, visait à dénoncer la guerre menée au nom du djihad par l’Etat islamique („Daech“ en arabe) au Moyen-Orient. 

Environ 2000 internautes avaient répondu à l’appel lancé sur Facebook, mais au final seule une dizaine de participants a brandi des pancartes, devant une foule d’environ 200 à 250 personnes composée de curieux et de nombreux journalistes. Les premiers arrivés se sont d’abord abrités sur le perron du théâtre municipal, devant lequel s’est tenu le rassemblement, le temps que la pluie cesse. Puis les manifestants se sont précipités sur les marches pour soulever leurs écriteaux: „Les jeunes de Tunisie sont pour la construction et non pour l’effusion de sang“, pouvait-on lire notamment.

Une flashmob a ensuite mis en scène un faux bourreau de l’Etat islamique en train de se faire tourner en ridicule par son otage, en reprenant les codes des vidéos d’égorgements réalisées par l’organisation djihadiste qui ont choqué le monde entier. L’otage, tout d’orange vêtu, a remplacé le couteau de son tortionnaire par un stylo, pour souligner son manque d’éducation.

Aucun incident 
Certaines organisations et ambassades avaient recommandé d’éviter de se rendre sur l’avenue Bourguiba pendant l’événement, mais la manifestation s’est déroulée dans le calme. Parmi la foule, on observait généralement d’un bon oeil la mobilisation. Pour Houssaine, un jeune Tunisien coiffé d’un chapeau de paille venu avec sa copine, il est important de „transmettre le message que les musulmans ne sont pas tous des terroristes“:

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Hichem, qui passait par là par hasard, considère quant à lui que l’Etat islamique est devenu un „ogre“ et que même si la Tunisie n’est ni la Syrie, ni l’Irak, l’organisation représente une menace:

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D’autres personnes présentes, comme Mehdi, déploraient le faible nombre de participants:

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Des débats animés faisaient rage dans l’assistance. Comme entre ces deux hommes d’âge mur, qui divergeaient sur l’origine de l’Etat islamique, l’un jugeant qu’il s’agit d’une construction des Etats-Unis, l’autre du Qatar et de l’Arabie saoudite:

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Souhail Bayoudh, le fondateur et président de Forza Tounes, une association „pour la culture de la citoyenneté et de la liberté“ qui parrainait la manifestation, s’est montré satisfait du résultat. „Ce n’est pas le nombre de participants qui est déterminant, a commenté, à l’issue du rassemblement, celui qui jouait l’otage durant la flashmob. L’essentiel est d’interpeller les passants. A tous ceux qui veulent faire revenir une forme ou l’autre de dictature, sous couverture religieuse, idéologique ou politique, nous voulons leur dire que nous sommes ici et que nous n’aurons plus jamais peur.“

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