Haïti, au rythme du football

 

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Les projecteurs du stade Sylvio Cator illuminent déjà une foule en délire. Dans quelques minutes ce dimanche, l’équipe nationale d’Haïti affrontera celle de l’île de Saint-Kitts et Nevis, le plus petit pays d’Amérique du Nord, pour la deuxième phase des qualificatifs de la Coupe des Caraïbes.

Pendant que des supporters tentent d’atteindre les gradins gratuitement en escaladant les murs, notre voiture se fraie un chemin vers le parking totalement encombré du stade. Après quelques savantes manœuvres, notre petit groupe de blancs rejoint les supporters haïtiens qui se pressent devant l’entrée. Une musique de fanfare et les cris des vendeurs de boissons nous accompagnent. Une multitude de bras nous tendent des billets à acheter à la sauvette.

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Après avoir transité par un sas obscure, le vert fluorescent de la pelouse brûle nos rétines. Dans les gradins, tout Port-au-Prince est à la fête vêtu de son plus beau maillot, coiffé d’un bandeau «Ayiti cheri» ou les épaules recouvertes d’un drapeau national. Deux fanfares donnent le rythme. Plus une place de libre à l’horizon, mais une quantité de marchands proposant tout ce dont raffolent les supporters : bières, papita (chips de banane plantin) et lambi (coquillage local).

Un escalier offre encore un peu d’espace où glisser son postérieur. L’odeur du clairin, ce rhum si apprécié ici, se mêle à la moiteur de l’air alors que les joueurs se mettent en mouvement sur le terrain. On danse, on crie, on commente. Pas d’écran géant pour revivre les moments décisifs, à chaque action le stade se lève et se penche comme un seul homme en direction des buts.

A la mi-temps, les enceintes propulsent les rythmes kompa de Sweet Micky, le nom de scène de l’actuel président Michel Martelly lorsqu’il était encore musicien. On bande les yeux à une femme, elle droit retrouver le ballon en suivant les instructions du public et marque un but. Manqué !

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Des vendeuses déambulent entre la foule un seau remplit de bières fraiches sur la tête, leurs hanches ondulent avec une grâce nonchalante entre les supporters. En contrebas, des marchands envoient des boissons vers le haut des gradins avec plus de précision que des joueurs de basket. Après avoir donné le prix à grands cris, les billets transitent entre une dizaine de mains avant d’être encaissés. Des policiers sont postés par deux tous les dix mètres, ils observent avidement le match, laissant l’excitation de la foule dans leur dos.

«Dire que tout cela est interdit en Europe», soupire un Belge à mes côtés. Ce spectacle nous transporte bien davantage que le match en lui-même. Qui se terminera sur un décevant 0-0. Mais qu’importe, Haïti s’est quand même qualifiée.

(ce lien vous emmènera vers une vidéo du Match. Merci à Sophie pour les photos!)

 

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